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Championnat de France ULM 2011

Dimanche 29 mai 2011

Départ à 6h du mat' dans un calme idéal, après le mistral décourageant de la veille. Visi excellente dès le Mont Lozère, le regard se perd au-delà du Plomb du Cantal, le Puy de Sancy plus au Nord, même le Puy de Dôme est visible au loin à droite.
Derrière nous, toute la chaîne des Alpes dépasse de la brume de la vallée du Rhône, du Mont Blanc jusqu'au Mercantour.
Tout va bien, à peine un peu de vent de nord, presque rien...
Tout va plus si bien, le moteur vient d'avoir une baisse de tour étrange avec le compte-tours qui lui s'est calé en butée max...
Egletons est encore à 60 km... On guette...
Et ça revient... Puis ça remarche impec pendant un moment... Et de nouveau... Ce n'est pas rassurant, je cherche les champs posables, y'en a pas des masses dans ce pays de bocages. Par ici, tout est en pente, des haies d'arbres partout... Mais nous arrivons à Avalon.
La totalité du Club ULM est en train de partir en nav de bon matin vers Issoire, profitant du beau temps...
Nous posons sur l’aérodrome désert, à l'exception d'un instructeur avion revêche qui n'est d'aucune utilité. Heureusement un pilote d'ULM ami, croisé dans les raids de Picot, en balade en camping car, nous prête quelques outils pour ouvrir le capot mais nous ne trouvons rien... Y a pas le choix, faut essayer de s'arracher de ce trou, nous repartons.
Il fait toujours aussi beau, le moteur tourne pour le moment impec... Très vite nous arrivons sur Limoges et les terrains plats, des champs partout, ça devient plus serein...
N'empêche, les symptômes recommencent à l'approche de Couhé ou nous posons sans encombre.
Nous consultons les « autorités » du 912, Pouchès, Boucherat, tout le monde soupçonne un certain fil rouge d'être la cause de notre problème, seulement pour avoir accès au fil faut tomber le moteur, alors on va insister comme ça, on verra bien.
Nous rejoignons Pierre et sa bande de para motoristes, Jérémy et Ludivine, Antoine et J. Philippe...
Ils sont déjà installés dans un coin du camping, petite placette centrale entourée par les tantes et les camping-car,
Barbecue monté, tables, fauteuils ! Nous n'avons plus qu'à déguster nos premières Leffes bien fraîches...
Antoine qui va être aux petits soins pour nous pendant toute la semaine, presque une maman, nous prépare un petit « en cas », histoire de caler notre dalle qui est grande !
Lundi 30 Mai 2011

C'est parti ! Dès 7h du mat', breefing et nous plongeons dans le vif du sujet.
La première épreuve consiste à suivre un trait tout sauf droit, genre vague marguerite mal faite, le plus précisément possible et c'est ardu !
Nous tirons une langue de 20cm tant la concentration est grande ! Quel travail !
Et l'après-midi rebelote ! Là nous devons faire un circuit le plus long possible avec une toute petite quantité de carburant, 15 litres...
L'angoisse de voler avec seulement ce fond de réservoir qui nous clouerait au sol en temps normal et de rentrer avec un dé à coudre de « sécurité » juste au fond...
Le soir, les résultats sont affichés... sans surprise nous sommes 4ème (donc derniers) à la première épreuve, mais presque à égalité avec les deux filles qui sont 3ème...
Le 2ème est un équipage sur une machine rapide, un Virus. Le premier est le champion en titre , un belge, sur « une machine de guerre », un Guépard « spécial », tout carbone, plein de vitres partout pour voir dessous, derrière...
A la 2ème épreuve, nous passons 3ème mais pas ridiculement loin des 2 premiers...
Mardi 31 mai 2011

Aujourd'hui, il faut survoler le plus grand nombre de balises possibles dans un temps donné.
C'est très compliqué, il faut inventer le meilleur tracé pour survoler tous ces points, tenir compte du vent qui s'est levé... On s'en sort pas si mal, nous finissons 2ème, derrière l'Intouchable...
L'après-midi, nous partons pour une Nav Slalom, une autre couillonade où l'on doit non plus survoler des balises (en fait des points remarquables, carrefours, châteaux, etc...), mais les contourner en zigzagant. En plus ça tabasse dur maintenant, vent, thermiques... Quelle tension !
Là encore nous terminons 2ème, le moral remonte avec notre place au classement général !
Le soir, la Précision d'Atterrissage (PA) est annulée, comme hier, à cause du vent fort et de travers. En plus, une pilote de pendulaire monoplace s'est crashée. Elle a rebondit après un « dur » et s'est retournée dans le vent comme une crêpe pour finir sur le dos et dans le colza... Les pompiers et les flics étaient là à notre arrivée, elle s'est fait un peu du mal, jambe et pied fracturés quand même...
Mercredi 1er Juin 2011

Ce matin c'est « Nav Contrat », tu dois annoncer le nombre de balises que tu va survoler dans un temps limité. Le gag c'est que la préparation de la Nav, dont les caractéristiques sont données à la dernière minute, est incluse dans le temps de vol...
Hélas, nous ne percutons pas que les pénalités de dépassement du temps sont ridiculement faibles et quelles étaient ainsi pour « pousser au crime », le gain du survol de quelques balises en plus dépassant outrageusement ces pénalités... Du coup nous faisons 4ème à l'épreuve en dépit d'un contrat rempli à la perfection et à la seconde prêt ! Nous râlons comme des nymphos après 6 mois d'abstinence... Je répands du fiel sur tout le terrain... Ça paye : notre Championnissime Guépardiste propose au breefing de donner des conseils aux « innocents », dont nous sommes, pour décrypter les roublardises de la compét ULM. Comme c'est proposé sans aucune condescendance, gentiment pour une fois, (il est belge!). Je trouve ça plutôt sympa.
D'ailleurs il nous file plein de trucs pour la prochaine épreuve, trouver des balises à partir de petites photos aériennes et les positionner au millimètre près sur le tracé d'un parcours....
C'est la plus dure des épreuves, mais elle est reportée car le vent s'est mis à souffler très fort...
Jeudi 2 juin 2011

Toujours plus de vent, les para moteurs n'ont aucune chance de pouvoir voler, l'organisation les laisse faire la grasse matinée.
Après une première hésitation devant la force du zef, notre directeur de course décide de lancer l'épreuve des « photos ».
C'est vrai que ça souffle ! Les pendulaires mono (s'ils décollent) vont en baver !
Grâce au conseils du Belge gentil, de Pierre et de Jérémy nous nous sommes bien préparés, nos petites photos sont bien rangées, notre carte est fixée sur un bloc de polystyrène pour pouvoir piquer des punaises sur les points exacts du parcours où nous verrons les photos.
Nous scrutons chaque bâtisse (nos photos ne représentent que des bâtiments remarquables), tout ça dans un vent de 60 km/h et de la turbule, l'obligation de voler bas nous exposant à tous les remous...
Finalement nous identifions 8 photos sur 10, c'est plus qu’honorable !
En plus nous réussissons notre PA à l'arrivée, devant le Belge !
Malgré tous ces efforts, nous n'arrivons pas à doubler le Virus au général, son unique place de 1er à l'épreuve d’Eco lui a donné trop d'avance, mais nous lui collons au derche !
La journée se passe ensuite à traîner sur l'aérodrome, des films (d'ULM, bof!), sont projetés dans le hangar pour tuer le temps...
Je fais taper ce texte par la gentille Ludivine qui est toute heureuse d'avoir quelque chose à faire.
Si je peux rendre service!...
Vendredi 03 juin 2011 matin

Nous partons gonflés à bloc pour le dernier jour de compète.
Le matin, nous devons passer sur un maximum de balises disposées sur une espèce « d’étoile de mer ».
Les balises rapportent plus quand elles sont éloignées du terrain. Le temps limite est 01h15 minutes, force à faire des choix tactiques pointus ! Ca c’est si on arrive à les trouver ! Mais nous y arriverons (à peu près).
L’organisation décide de lancer deux dernières épreuves de mania, un short / short, combinaison de décollage et attéro le plus court possible, en terminant par une précision d’attéro moteur coupé ! Au boulot, c’est notre dernière chance de passer devant le Virus !...
Les filles sur le Savannah sont les premières à s’aligner, elles se plantent à 45 mètres du fil à 1 mètre de haut qu’il ne faut pas couper pour mesurer le décollage court ! Nous devons partir juste après et nous sommes déjà dans le Sky.
Je me dis que si elles y arrivent, je me teins les cheveux en vert fluo ! Bien sur, elles coupent le ruban sans surprises, même un Savannah à besoin d’un certain temps pour accélérer, temps = distance dans ce cas ! Et puis il y a ce vent de travers gauche qui s’est levé, et c’est parti, le vol au second régime, la concentration sur le ruban et le vent, se combine pour retourner la machine comme une crêpe ! Le beau Savannah bleu et blanc est plié comme une cannette sous un talon nerveux ! Heureusement les blondes sont intactes !... Le directeur des vols fait signe que l’épreuve continue, c’est à nous.
Je nous place à 55 mètres du ruban, soyons prudent ! Freins, gaz à fond…. J’arrache le Sky juste avant le ruban, il saute en l’air, déjà je repousse pour faire un beau palier d’accélération, le ruban intact frétille dans le vent ! Plus qu’à atterrir ! Je te soigne la finale, ras du sol, tout va bien, je dis « volets » pour que Bruno les rentre, comptant sur 5 petits mètres d’élan pour toucher juste après le seuil du porte avion ! Vlam- les roues ont touché instantanément ! Depuis une semaine, c’est la première fois, et du coup nous sommes justes dehors du porte avion ! De rage j’en oublie de freiner pour marquer l’arrêt, c’est Bruno qui me réveille en m’engueulant… On stoppe vers les 50 mètres – Et merde! Je viens de laisser passer notre unique chance de doubler le Virus, qui, pour marquer les 8 points de 4° « participe » à l’épreuve, c'est-à-dire, fait un tour de piste en traversant le porte avion au passage.
Je suis mortifié, je me gifle…Aie… ça aide pas…
Au Belge ! Il se place juste avant les 50 mètres pour essayer de nous battre ! Il coupe le ruban ! Tiens ça redevient intéressant, tout va dépendre de sa distance d’atterrissage ! Tu parle lui il choppe le porte avion, et il à 3 disques sur ses grandes roues ! Ça c’est court ! Bouhouhou ! Je pleure mentalement…Le directeur des courses décide d’annuler la précision d’atterrissage moteur coupé, c’est trop tard, et le vent de travers forcit…. Y a plus qu’à attendre les résultats.
Vendredi 03 juin 2011 après midi

Je croise Pierre qui sort du hangar ! « Bravo les mecs, félicitation » ! Qu’il me lance avec un grand sourire. « Ha bon ? On est passé ?. ». Le classement général est affiché, ils ont validé notre attéro du short / short, du coup nous gagnons l’épreuve ! Et nous voila 2° du Championnat de France ! Bruno est ravi, moi aussi, car nous sommes incontestablement deuxièmes, nous avons fait du résultat dans toutes les épreuves, seul le système de classement à la noix permettait au Virus d’être devant nous… Y avons plus qu’à attendre des plombes pour monter sur le podium. Enfin vers 19h30 la cérémonie commence, applaudissement, photos, nous ne sommes pas venus pour rien, Pierre est Champion dans sa catégorie, tout est bien !
La soirée finit très fort, Jérémy qui à encore serré son moteur pendant l’avant dernière épreuve, noie son chagrin dans l’alcool et se fait alpaguer (un récidiviste) par une pilote d’Autogire aussi éméché que lui. Du coup Ludivine se morfond toute la nuit, seule dans la couchette du « Va n », pour découvrir au matin Jérémy et la fille entremêlés dans une voiture.

Samedi 04 juin 2011

Dépêchons, la météo n’est pas très bonne dans le sud, il faut avancer. Heureusement le vent est nul et nous filons correctement jusqu’à Rodez.
Nous décidons de nous poser pour ravitailler, et puis y a un grain droit devant ! L’aérogare est en voie d’agrandissement pour 2 jets par jour, et il faut construire un mini Roissy. Bref, on perd 01h00, une fois sortis, à faire le tour du machin pour essayer de payer les taxes, (c’est fermé) re-rentrer sur le terrain (obliger de trouver un vigile, marcher quelques centaines de mètres sous la pluie)… Quel pays de ….
Enfin on réussit à s’arracher de la, c’est dégagé vers Millau, fonçons, il y a un petit vent de face, mais le paysage est splendide, au sol comme en l’air avec des imbrications de nuages traversés par le soleil, des averse de pluies éparses, un cunimb menaçant sur l’Aigoual. Nous passons le viaduc de Millau, le Larzac, allez, allez, avançons, avançons… En bas vers la mer c’est craignos, le contrôle de Montpellier confirme la présence d’énormes orages au sud qui rentrent vers les terres.
Nous virons vers la vallée de Gange, puis Alès, qui restent clairs pour l’instant, on passe Uzès, le contrôle de Nîmes Garon redevient actif pour une arrivée IFR, nous les contactons. Ils nous préviennent de la présence d’un gros cunimb sur Eyguières, nous décidons de poser à Nîmes Courbessac.
Juste le temps d’attacher la machine et les premières gouttes commencent à tomber. Et merde, on a crevé ! En fait c’est pire, la jante en alu est fissurée, ce qui a provoqué la crevaison.
Nous abritons le Sky dans le hangar à Rabadan et Thierry vient nous récupérer en bagnole.
Nous sommes un peu vannés. Heureusement, il pleut des trombes et l’aérodrome est déserté !
Alors, au dodo…

Georges Truchet.