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ROMANIA 2004

Le voyage en voiture ave le Sky au cul, déjà du Roumain, le Scaîocu, est long, départ de nuit le vendredi, arrivée le samedi 12 h, mais pas si pénible. Nous traversons l’Italie, morne et moche plaine du Pô, ça devient joli à partir de la Slovénie, des forêts immenses, peu de monde, de belles montagnes.
Les forêts, y’en aura jusqu’en Roumanie, en Croatie. Tout plein, superbes, variées, hautes, en Hongrie aussi. En Croatie, des villages sont déserts, maisons détruites ou abandonnées, des traces de balles sur les murs… Ca a chié dans ce coin, on peut pas en douter, il doit pas falloir être pro-Serbe par là… Nous dormons en Hongrie près de la frontière Roumaine, hôtel tout confort, le gag c’est le resto typique recommandé par le portier. Très bon le gastos mais après avoir bouffé un plat, fini, les cuistots partis. Trop tard, même plus un dessert on peut avoir, la cuisine est fermée…
Tout ça n’est pas grave, le lendemain nous entrons en Roumanie, aucun train à la frontière, les douaniers s’en tamponnent comme de leur première carte du parti du passage d’un ULM français. Aucun souci…
Samedi
Montage de l’ULM, Stan et Eric arrivent en vol depuis la France, c’était long pour eux aussi, mais plus mouvementé…
Nous découvrons notre hébergement, un « gîte rural » à la Roumaine, chalets et chambres en bois, coin douche, mais pas mal, l’eau est chaude et les lits confortables. Tout ça au bord d’une rivière avec bar à lampions et musique. Tout bien sympa.
La ville est grande, pas très belle, voire franchement moche, béton craquelé, des rues pas toutes goudronnées dans les banlieues… Partout, des immeubles année soixante encore plus hideux que les nôtres et ils tombent en ruine. Par contre, les gens sont très sympas, ouverts, parlent des langues, et le Roumain est presque compréhensible par bribes, c’est une langue latine et ça se comprend…
Dimanche
ARAD --> DEVA --> SIBIU
C’est parti, nous volons et des beaux vols, les paysages sont somptueux, les campagnes sont vides, les forêts gigantesques, hautes, denses, sur des collines puis des montagnes de plus en plus hautes, rondes, de la neige sur les sommets les plus hauts, au loin. Nous survolons des villages vestiges de l’époque Ceaucescu, planifiés, carrés, béton gris au milieu de la campagne, mais tout est abandonné, détruit, rouillé, tracteurs et machines agricoles à l’abandon. Pourtant l’impression de « richesse » agricole domine, la Terre est noire, belle, tout à l’air de pousser, les vaches sont grasses, les moutons itou…
A Deva, l’étape intermédiaire, un super buffet nous attend. Tout est bon, il fait très beau, les Roumains sont ravis d’avoir autant d’avions sur leurs aérodromes, c’est nouveau pour eux, l’activité aérienne est réduite au minimum par ici. Y’a du public, des barbecues, ça fait kermesse, les télés nous interviouvent, des pilotes font des démonstrations en vol, entre autres le patron de Cosmos, Guy Renaud, fabricant de pendulaires français qui nous fait un petit show gentil…
Pourtant ça a l’air de faire caguer un des pilotes, qui hurle « connard » quand Bruno Picot, l’organisateur du RAID, le présente au micro de la sono… Y’aura des suites…
La deuxième partie de l’étape est mouvementée, ça turbule pas mal sur les montagnes (les Carpates) qui génèrent des gros remous dans le vent pas très fort, et ça devient orageux, nous nous posons sous la pluie à SIBIU, avec un gros vent de travers turbulent, sans visibilité, l’averse brouille tout mais nous nous amusons comme des bêtes, nous nous glissons entre deux machines en finale, la piste est super large, on peut s’y poser à trois de front…
Quand tout le monde est posé, nous assistons à un superbe pugilat entre l’insulté de Cosmos, Renaud Guy et l’insulteur ( ?), qui s’en prend plein la gueule, en plusieurs fois car il en redemande… Chaude ambiance… Bruno Picot trouve ça très bien car parait-il que le mec en question serait un chieur de première… OK, tout est normal donc… D’ailleurs le fracassé continuera le raid les jours suivants… Sibiu est une super ville ancienne préservée grâce au fils de Ceaucescu qui empêcha le Papa de détruire le centre ancien car il vivait là… Merci au fiston… Les maisons ont des « yeux » dans les toits, des ouvertures en formes d’œil, c’est très joli, en plus c’est la fête, un festival de théâtre et musique, c’est super animé, plein de monde dans les rues, des charters de filles somptueuses, le beau pays !
Notre hôtel est en plein centre, rococo, super beau, avec argenterie aux tables, s’il vous plait !!
Le soir, nous découvrons que dans les night-club « hot », on peut boire du … café !!! Et moi, je trouve ça pas si mal de prendre son petit-déj avec des filles nues autour…
SIBIU --> PITESTI --> PLOEISTI
La météo est douteuse, le vent bien établi, des gros nuages accrochent les Carpates et il faut passer de l’autre côté des montagnes… Bruno nous a prévenus, y’a une vallée, très étroite, peu vachable à suivre…
C’est parti et en effet, ça accroche les sommets, nous entrons dans la vallée, un bon vent nous pousse, accélère au fur et à mesure que la vallée se resserre, franchement en gorge, des parois presque à pic, couvertes de forêts, totalement imposable. Seuls quelques bancs de gravier, dans la rivière, au fond… Brrr… Et le vent forcit, ça turbule à chaque coude de la vallée… Et puis devant c’est plus un coude, un vrai méandre qui fait le tour d’un bloc rocheux à pic, plus haut que nous… Faut monter, virage face au vent, dans du dynamique d’enfer, le vario au taquet, nous prenons 5 000 pieds en deux tours, de quoi se jeter dans le courant et surfer jusqu’à la plaine, 30 km plus loin… Quel vol… Quels paysages… Pitesti est un aérodrome en bordure de grandes zones industrielles, avec des avions russes abandonnés, en lambeaux, des beaux biplans énormes, avec d’énormes moteur en étoile, colonisés par des milliards de guêpes…
Le dernier tronçon jusqu’à Ploeisti est mouvementé, nous décollons sous du grand beau, bien turbulent sur les reliefs, pourtant modestes du début, mais le ciel se couvre devant nous, et le vent change, ça cisaille dur, pour finir dans le calme mais sous une pluie battante… L’aérodrome est loin de tout, nous y dormirons et mangerons, fort bien. Des musiciens virtuoses nous feront un show de jazz tzigane suivi d’un des membres des pilotes qui est chanteur. Ça swingue dur !!!
Et nous ferons notre baptême en ANTONOV, le même avion que ceux qui pourrissent à Pitesti, mais flambant celui-là, drôle de piloter ça, un bateau volant, 5 tonnes et ça pose à la vitesse d’un ULM !!!!
PLOEISTI --> CALARASI --> TULCEA
Nous partons sur les grands plaines du Danube, bon vent de travers, et c’est parti pour des kilomètres de radada, des champs, des petites rivières, des bois, des gens qui bossent avec des chevaux et des bœufs, les machines rouillent dans les Kolkhozes abandonnés, saccagés, béton carré laissé au milieu des champs, habitations en ligne vides, les gens sont effarés de nous voir passer… Entre Stan et Eric et nous, c’est à celui qui volera le plus bas, quel vol !!!
De Calarasi à Tulcea, ça se complique, le vent de travers du matin est maintenant de face sur ce tronçon et ça rame… Ca turbule aussi pas mal, les nuages grossissent et virent à l’orage… Mais rien de sérieux, nous suivons le Danube pendant longtemps, quel beau fleuve, plusieurs bras de la taille du Rhône s’entrecroisent, se perdent, dessinent des îles de plusieurs kilomètres, grandiose. Après le relief monte, en plateaux herbeux puis en forêts, profondes, variées, sous un ciel qui noircit avec une luminosité d’enfer en dessous… Waow… Le posé à Tulcea est génial, y’a 50 km/h de vent et la piste fait… 3 kilomètres ! Nous fignolons une finale aux petits oignons, bien haute et bien longue en passant au dessus de tous les ânes qui ont posé au début et qui doivent se taper 2Km de roulage pour arriver au parking, nous posons nous direct juste à coté, arrêtés en dix mètres grâce au vent. La classe…
La Roumanie c’est le pays des chiens, y’en a partout, plutôt gentils et en bonne santé, pas stressés… Ils adorent se faire grattouiller le bide, léchouiller les mains, jouer… Et la nuit, ils vivent !! Te foutent un bordel sous les fenêtres des hôtels… Du coup, il n’y pas de chats, très peu visibles en tous cas.
C’est le pays du béton aussi, hélas. Béton minable dans les villes, des immeubles si moches qu’ils feraient trouver pimpants les quartiers nord de Marseille ! Béton détruit dans les campagnes, youpi, des Kolkhozes immenses à l’abandon, bâtiments éventrés, envahis par la végétation, les machines qui rouillent au soleil, putain de décor pour film, réjouissant.
Surtout que les bouseux du coup utilisent des… chevaux, voire des bœufs, des charrettes superbes, des charriots far-westiens. Tu passes en radada, tout le monde te fais coucou, ravi, les gueules burinées par le soleil et le froid de l’hiver qui doit être rude par ici. Je sais, pour voir les gueules burinées par le soleil, faut voler très bas, mais de fait, on
Entr’aperçoit même la couleur des yeux… Bas est donc un « understatment », si j’ose…

TULCEA
C’est la ville aux portes du delta du Danube et quel delta, la Camargue puissance 4, c’est immense, c’est peuplé que de bêtes ou presque, y’a des centaines de bras d’eau, étangs, lacs, marécages, quelques cultures, et nous volons à un mètre du sol pendant des dizaines de kilomètres. Les cigognes sont en bande comme les flamants chez nous, c’est spectaculaire.
On survole tout ça, jusqu’à la Mer Noire, qui est… noire, vue de dessus car le fond est très foncé… René y retourne l’après-midi avec Stan pour se baigner !!! Nous frôlons l’Ukraine, de l’autre côté du dernier bras du Danube… C’est vachement comme la Roumanie, vue de haut… Plus raide peut-être… A midi, nous déjeunons sur un bateau qui nous promène sur les méandres du Delta, une autre perspective aussi spectaculaire défile, les hérons nous regardent passer, placides, les cygnes ne bronchent pas…
Tiens, régulièrement des chiens courent sur les berges après le bateau, sans aboyer, juste curieux. Parait qu’il y en a des centaines dans le Delta…
TULCEA --> BACOU --> BRASOV
La première étape est la plus peinarde à ce jour, des grands plateaux, du vent arrière, pas de turbules… Nous finissons au-dessus des nuages pour profiter du vent assez fort en altitude, bien indiqué par les sommets de nuages en forme de virgule. Du coup, nous arrivons avant les machines rapides, trop fort le Sky !
A Bacou, nous visitons une fabrique d’ULM roumains, tout métal, ailes hautes ou basses, bien foutus, lourds ? Sûrement. L’usine fait aussi des répliques d’avions de collection ou des pièces pour Airbus et des Migs … Tout ça n’est pas passionnant, mais bof. Le rigolo, c’est la parano des responsables, nous sommes sur-encadrés, fliqués faut voir comme… J’oublie un sweat derrière moi. Pour aller du bus à l’usine, 200 mètres, ils me filent mon flic perso qui me colle aux basques !
Nous déjeunons à la cantine, dans une grande salle à décor collectiviste avec petits ballons pendus au plafond pour faire joli. Ça sera la seule fois où nous sentirons vraiment l’ambiance d’’’avant’’…
Nous poireautons des plombes après le repas, l’orage qui se formait au nord a éclaté sur nos têtes et nous sommes bloqués. Quand ça se dégage, il faut encore attendre que les montagnes sur la route ne soient plus accrochées… Nous décollons finalement en fin de journée pour Brasov. C’est beau, les nuages touchent les cimes de partout, et ça donne une impression de bien bouché tout ça… Y’a bien une lueur entre deux sommets, mais c’est juste un trou, à ras de la crête.
La vallée que nous suivons se resserre et monte, vers un col, c’est que des arbres, et pas des bébés… ! Et la route que nous devons suivre a disparu, ça devient un peu étrange, et Stan et Eric que nous avons aperçus devant ont viré à gauche, dans une autre vallée… Mais nos GPS sont formels, c’est droit devant vers la petite lueur, à ras des crêtes… Je pige, en fait, il y a deux vallées, une nettement plus basse au sud et la nôtre qui monte, monte… Tant pis, la tronche dans les nuages, les roues à raz des moutons qui broutent dans les trois prairies au sommet du col, ça passe et nous plongeons vers le soleil. Le Haut-plateau s’étend à perte de vue devant nous, ça charcle un peu sous le vent du relief mais c’est trop beau !! Ça c’est du vol… Le pauvre Gaëtan, un instructeur sur un clone de Zenair, panique un peu à la radio (et en l’air, on le découvrira après…) car il s’est fait enfermer dans les nuages en passant trop haut.
Brasov est une ville aussi belle que Sibiu. Hélas, notre arrivée tardive nous la fait découvrir de nuit, mais c’est très joli. Le terrain est magnifique, en bordure d’un quartier de jolies maisons anciennes. Avoir sa piaule qui borde un terrain, le rêve… Et les prix de l’immobilier, c’est pas aixois par ici…
La boîte de nuit indiquée par un roumain est en travaux, ce qui fait bien rigoler un ouvrier-portier qui nous laisse gentiment entrer… Nous en trouvons une deuxième où nous consommons une bière, Corona, mais rien à voir avec la cochonnerie homonyme de chez nous, fabriquée en Roumanie, délicieuse…
Comme nous déclinons toute offre d’accompagnement des canons dénudés qui dansent sur le comptoir et que nous sommes les seuls clients, ça dégénère entre les qui apparemment se rejettent la responsabilité de l’échec et, à peine sortis, nous percevons les échos de la dispute jusque dans la rue…
Pendant ce temps, les gentils organisateurs, déchirés façon grâce aux alcools locaux, font un malheur au bas de l’hôtel. Tant pis, nous manquerons ça mais c’est difficile d’être partout…

BRASOV --> MURES --> CLUJ NAPOCA
Nous décollons de Brasov ave l’intention de musarder de châteaux en châteaux, relativement nombreux dans cette région de Roumanie mais un bon vent de sud-est, bien turbulent nous pousse vers Cluj Napoca, le terme de l’étape du jour, alors le peu d’entrain pour rester en l’air dans cette tabasse, chaque relief génère son système de rotor, tout nous incite à tirer droit. De toute façon, c’est beau, on dirait le massif central en moins peuplé, les villages moins jolis mais les montagnes ondulantes tout pareil, avec forêts toujours aussi somptueuses et pâturages alternés. Nous ne nous posons même pas à l’étape intermédiaire, et nous arrivons bien avant tout le monde à Cluj Napoca, étrange et joli terrain en herbe, pour vélivoles et parapentistes et parachutistes à… 2 km d’un aéroport international. Etrange. Nous découvrons le stress des pauvres roumains face à la décontraction des ulmistes français. La chef de l’aérodrome est atterrée de nous voir atterrir avant les autres...

-Mais vous deviez vous poser à Mures…
-Mais non, on « devait » pas, pas obligés on est…
-Mais le respect du plan de vol, des consignes de votre organisateur…
-Oui, bon, les consignes, c’est décollez d’ici et allez là-bas, pas trop haut, c’est ce qu’on a fait…
-Mais vous savez qu’ici, meme pour un vol en parapente, faut prévenir la tour ? Vous avez contacté Bucarest pendant le vol ?
-Contacté qui ? Nous ? Non, non, nous avons une fréquence attribuée pour notre rallye, nous contactons personne…

Tout s’arrange quand ils découvrent que les contrôleurs s’en tapent : « ah bon, un ULM s’est posé ? N’a rien vu sur les radars »…
La ville n’est pas mal mais sans plus, nous banquetons à l’hôtel avec tout le groupe et ça dégénère en bataille rangée, provoquée par Bruno qui a eu la bonne idée de nous pousser au crime en fournissant un arsenal complet de sarbacanes et boulettes à tout le monde !
Le lendemain, les proprios tirent une gueule, faut voir comme, le chef, très con, nous sermonne en disant qu’il veut pas que ça se reproduise (au petit-déj) ! Très drôle ! Bruno Picot s’en tape comme de sa première sucette !



CLUJ NAPOCA --> ORADEA --> ARAD
Voilà, c’est déjà la dernière étape… De Cluj Napoca à Oradea, c’est encore très beau, un dernier petit saut de Carpates, pas très haut mais toujours plaisant… A Oradea, nous ne faisons vraiment que passer, pourtant c’est toujours l’accueil aussi sympa avec du café, des gâteaux… Les chiens habituels, gentils, flemmards…
Le dernier tronçon vers Arad, en plaine nous pousse à un dernier radada, en manière de coucou d’adieu à ce pays, fait pour être survolé, en ULM c’est pas mal mais en hydro, ça serait carrément grandiose… Nous démontons à Arad, le Sky sur sa remorque est en route pour l’hôtel, « The Palace » de la ville, nickel chrome, propre avec la plus belle réceptionniste du monde, celle la je jure qu’elle peut faire autre chose, elle a juste à se montrer, quelle bombe…
Le soir c’est la soirée de gala, légèrement tristounette puisque c’est fini et qu’il faut être sérieux, y’a un ministre, tout ça… Après nous traînons une dernière fois dans les bars chauds, nombreux dans cette ville frontalière… Nous finissons la soirée dans un quartier plein de boîtes, au bord de la rivière, mais pas de tapineuses par-là, des vraies boîtes, pleines à craquer de jeunes, des milliers, pas chères les boîtes, techno à fond, très sympa mais nous sommes vannés.

Tout à l’heure, c’est le retour, quelques milliers de bornes par la route, Hongrie, Autriche, Suisse à traverser, un peu d’Allemagne aussi. Nous arrivons à 5 heures du mat le lundi chez René, un café, une sieste et nous débarquons le Sky chez Zen. Un crochet pour laisser Stan à Romans récupérer sa caisse… Tiens une vitre est fracassée… Bienvenue en France…
A 11 heures, nous sommes à Eyguières, le téléphone est plein de messages, il fait beau, faut déjà rebosser… Fait chier…